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Vie et mort de l'USFL...  Brève histoire d'une ligue qui méritait mieux.

L’histoire officielle de l’USFL débute avec cette conférence de presse au club « 21 » de New York, le 11 mai 1982. David Dixon y annonce la création de la ligue et des équipes dans les grandes villes des Etats-Unis (San diego, Birmingham, Boston, Chicago, Denver, Detroit, Los Angeles, New Jersey [new York], Oakland, Philadelphie, Tampa Bay et Washington). Pour David, c’est un vieux rêve qui se réalise car, comme il le dira plus tard, la volonté de créer un championnat de football au printemps le taraude depuis le milieu des années 60.

 

Moins de 10 jours après, Chester R. Simmons, ancien d'ESPN, devient le commissionnaire en chef de la ligue dans une conférence à Los Angeles et un accord commercial est trouvé entre ABC, ESPN et la ligue pour la retransmission des matchs à la TV pour un montant total de 13 millions de $.

                                                                                                                              

Le mois de juin verra apparaître les différents propriétaires des équipes comme par exemple John Bassett, producteur canadien de film, en association (minoritaire) avec l’acteur Burt Reynolds pour la franchise de Tampa Bay, les Bandits. Beaucoup de propriétaires s’entourèrent de coachs déjà actifs dans le milieu du football professionnel, comme George Allen (des Los Angeles Rams et des Redskins de Washington) pour la franchise de Chicago, ou Robert Miller, coach des Broncos de Denver entre 1977 et 1980. D’autres encore se lanceront dans l’aventure USFL…

 

La franchise prévue à San Diego annonce en ce début du mois d’août 1982 son déménagement vers Phoenix, devant le refus des autorités de leur laisser jouer leurs matchs au Jack Murphy Stadium. Peu de temps après sera annoncé le nom de l’équipe : les Arizona Wranglers.

 

Le 05, Tim Wrightman devient le premier joueur officiel à signer un contrat avec une équipe de l’USFL, les Blitz de Chicago. Le 12, c’est une autre première avec le transfert de Greg Landry, quarterback des Lions de Detroit et des Colts (à l’époque de Baltimore), vers cette même équipe des Blitz.

 

L’USFL n’aura pas peur d’aller chercher ailleurs les talents qu’elle ne trouve pas chez elle avec la venue de Ray Jauch, coach des Winnipeg Bombers (Canadian Football League) comme coach de Washington, les Federals. Il sera suivi au début septembre par Hugh Campbell des Edmonton Eskimos, nommé coach des Los Angeles Express.

 

Le 31 août, c’est l’annonce de la répartition des divisions. Les playoffs suivront une saison régulière de 18 matchs et ils se joueront à 4, les trois vainqueurs de chacune des divisions et une wild-card. La date officielle de la draft est annoncée pour le 04 janvier 1983 (au Grand Hyatt Hotel de NY), juste après les différents matchs de collège qui clôturent l’année. 50 joueurs par équipe avec une masse salariale ne pouvant dépasser 1.8 millions de $.

 

Atlantic Division

Central Division

Pacific Division

stars Philadelphia Starspanthers Michigan Panthersinvaders Oakland Invaders
breakers Boston Breakerspanthers Chicago Blitzexpress Los Angeles Express
stars New Jersey Generalsbandits Tampa Bay Banditsgold Denver Gold
federals Washington Federalsstallions Birmingham Stallionswranglers Arizona Wranglers

 

20 septembre : les bureaux officiels la ligue sont inaugurés au 52, avenue Vanderbilt à New York.

 

Une fois lancée, et comme on dit, ce fut « une affaire qui marche ». Seuls quelques petits pépins vinrent troubler la préparation comme la franchise de Detroit qui dû changer de nom pour devenir les Michigan Panthers. En décembre, lors de la rencontres des instances de l’USFL à Tampa, un point final sera mis pour l’élaboration des matchs, du marketing, des relations publiques et… il est déjà annoncé une expansion de la ligue à 16 équipes en 1984. L’ordre de la draft y est aussi rendu public : Arizona, New Jersey, Washington, Birmingham, Chicago, Oakland, Philadelphia, Denver, Michigan, Boston et Tampa Bay.

Le 6 mars 1983 s’ouvre donc les premiers matchs avec, partout, un engouement réel du public avec une moyenne de 39.000 spectateurs. Les premiers points seront marqués par Tim Mazzetti (Boston) d’un field goal de 30 yards, mais le 1er touchdown reviendra au RB Ricky Williams de Tampa Bay sur une passe de 6 yards du QB John Reaves.

La ligue reçoit 24 demandes d’expansions mais décide rapidement de ne s’agrandir « que » de 4 à 10 équipes pour la saison 1984. Sont pressenties, entre autres, Pittsburgh avec les Maulers (sous la houlette de DeBartolo Sr., le père du propriétaire des 49ers de la concurrente NFL) ; ou encore Houston et les fameux Gamblers (joueurs), qui défraieront la chronique sous cette appellation ; ABC prétextant une confusion possible avec le sens péjoratif du mot « joueur ». Mais il y a aussi Jacksonville (Bulls), San Antonio (Gunslingers), Memphis (Showboats), …

 

Le 17 juillet 1983, c’est à Denver que se déroula la première finale du Championnat USFL entre les Michigan Panthers et les Stars de Philadelphie (24-22) devant pratiquement 51.000 personnes.

 

Pourtant, en coulisses, commencent les premiers problèmes de la ligue. Plusieurs propriétaires revendent les franchises, créant ainsi une instabilité du championnat. Ainsi, Donald Trump récupèrent la franchise des Generals de New Jersey et James Hoffman celle des Chicago Blitz, William Oldenburg rachètant les Los Angeles Express. De son côté, les Breakers de Boston annonce leur relocalisation à la Nouvelle-Orléans.

 

16 octobre : La convention de Houston annonce que le prochain championnat se fera sur le modèles de 2 divisions de 9 équipes chacune. Deux jours plus tard, Donald Trump lance l’idée de faire glisser la ligue du printemps à l’automne, période commercialement préférable et où les fans seraient plus nombreux (à cause des concurrences entre championnats de Basket, de Hockey et de Baseball, qui s’étalent sur toute l’année).

 

 

Eastern Division

Western Division

 

Atlantic Div.

Southern Div.

Central Div.

Pacific Div.

Philadelphia Stars  Birmingham Stallions Houston Gamblers Los Angeles Express
New Jersey Generals Tampa Bay Bandits Michigan Panthers Arizona Wranglers
Pittsburgh Maulers New Orleans Breakers San Antonio Gunslingers Denver Gold
Washington Federals Memphis Showboats Oklahoma Outlaws Oakland Invaders
  Jacksonville Bulls Chicago Blitz 

 

Avec l'annonce de la venue en USFL, ce 9 janvier 1984, de Mike Rozier, vainqueur du trophée Heisman, c'est la deuxième année consécutive qu'un sportif, réel espoir du football, ne part pas jouer vers la NFL. En signat avec les Maulers de Pittsburgh, il donne de nouvelles lettres de noblesse à la ligue entière. A peine une semaine plus tard, deuxième tentative de Donald Trump de faire basculer la ligue du printemps vers l'automne; ce à quoi la l'USFL répondra en créant un comité d'étude.

 

Février. Publication d'un rapport de 47 pages titré "The USFL vs. The NFL" de la main de Michaël PORTER, professeur à Harvard, est distribué aux 65 membres du comité exécutif de la NFL. Il indique comment s'y prendre pour détruire la ligue concurrente. De son côté, Donald Trump rencontre en mars de la même année, Pete Rozelle, le commissionnaire de la NFL pour discuter d'une éventuelle absorption de plusieurs équipes USFL dans la NFL.

 

Sharon Patrick, travaillant pour la société de consultance Mc Kinsey, rend le 22 août 1984, un raport concernant la modification du calendrier. "Le meilleur espoir de la ligue est de continuer de jouer au printemps et de bouger vers l'automne plus tard". Elle ajoute également qu'après avoir consulté des centaines de fans, ces derniers désirent que la ligue reste au printemps! Pourtant, la ligue décidera, en ce 27 août, et ce après un vote requérant les 2/3 des votants, d'un "déplacement" de son calendrier de matchs du printemps vers l'automne, rentrant clairement en conflit avec la NFL. Ce changement s'opérera pour la saison 1986.

 

Il résultera directement de cette décision qu'une série de franchises arrêteront leurs activités, que d'autres, localisées dans des villes où la NFL était déjà bien implantée, déménagèrent vers des marchés économiques secondaires et qu'enfin, bon nombres d'équipes partagaient le même stade que la franchise NFL et que l'équipe USFL se retrouva sans installations.

 

Le 17 octobre, l'USFL engage officiellement des poursuites contre la NFL utilisant les lois anti-trust et réclame 1.7 milliards de $ (567 millions de $ multiplié par 3, selon la loi américaine sur les trusts). Le litige porte sur la non-diffusion de l'USFL par les chaines nationales de son championnat.

 

Le climat devient tendu entre les différents propriétaires d'équipe, ce qui poussera, en mars 1986, John Bassett, malade du cancer depuis longtemps, à se lancer dans une longue diatribe sur une chaine nationale en disant tout haut que la ligue était elle aussi malade de l'intérieur et que le changement de saison était la preuve d'une mauvaise gestion de l'USFL.

 

Le procès s'ouvrira en mai 1986 et durera 48 jours. L'USFL se basera sur le rapport Porter pour indiquer la volonté manifeste de la NFL de réduire la concurrence à zéro, mais également sur les contracts unissant les chaines de télévision nationales et la NFL, cette dernière interdisant la diffusion de la ligue concurrente. Au total, ce procès comptera plus de 7000 pages de retranscriptions et verra défiler de multiples responsables de ligues, de la télévision, ...

 

Le 29 juillet, après 5 jours de délibération, la Cour condamne la NFL pour position dominante mais n'offre que 1$ de dommages et intérêts à l'USFL. La raison de ce très léger dommage est que le jury reprocha à l'USFL d'avoir volontairement changer "sa niche commerciale" en rentrant en conflit avec la NFL, insistant de plus que cette erreur stratégique n'est pas dûe à la NFL, mais bien à l'USFL elle-même.

Le choc fut assez rude pour les équipes USFL et beaucoups baissèrent pavillon et cessèrent quasi-immédiatement leurs activités.  Le 4 août, c'est au tour de la ligue de cesser les activités tout en indiquant délivrer les joueurs de leur contract, permettant à ces derniers de chercher un boulot en CFL ou en... NFL.

Un autre procès suivra mais les dommages réclamés seront à nouveau rejetés. Avec plus de 160 millions de $ de dettes, l'USFL terminera ses activités. Quand au chèque, il ne sera délivré que des années plus tard, majoré de 76cents d'intérêts de retard...

 

Conclusions personnelles:

Un mot prédomine l'ensemble de mes sentiments quand j'effectuais mes recherches : gâchis! En effet, même si la ligue faisait ses maladies de jeunesse, le fait d'avoir directement voulu s'attaquer à la NFL, et sur son propre terrain, était tout simplement suicidaire.

 Il aurait sans doute fallu prendre plus de temps; d'abord pour grandir en nombre d'équipes et en termes de notoriété pour la ligue. Quand on voit entre la première et la seconde saison une augmentation de 6 équipes, c'est trop lourd à digérer en une fois. Ensuite, une notoriété ne se monte pas en deux années à peine. En restant sur un calendrier printannier, l'USFL aurait pû, à terme, concurrencer la NFL et qui sait, pousser ces deux ligues vers un calendrier commun?

Cependant, un des points faibles de l'USFL, c'était son instabilité réelle en terme de propriétaires, de localisations, ... ce qui n'incite pas forcément les médias à s'intéresser à elle. Que dire dès lors de la guerre qui opposa, pour la simplifier, John Bassett et Donald Trump. Bassett jouait sur la continuité tandis que Trump pensait pouvoir tranférer des équipes vers la NFL et s'ouvrir, ainsi, à de nouvelles possibilités commerciales au sein d'une ligue beaucoup mieux implantée à travers les Etats-Unis. Et plus la ligue était instable, et plus on tentait les propriétaires à aller voir ailleurs...

Enfin, il est vrai que la NFL n'apprécia pas spécialement la venue de la concurrence et que, sans cette attitude ridicule de l'USFL, la position de la NFL allait devenir difficile. Que faire avec des équipes occupant des marchés "secondaires", mais en nombre? Quid de la télévision et des marchés publicitaires? L'histoire ne le saura jamais car ce qui aurait pû être la base d'une NFL-bis, n'aurait juste durer qu'un rêve de trois printemps...